Et si la chimiothérapie anticancéreuse ne servait à rien ?
Date de création : 22 décembre 2004
Depuis quelques années, l’augmentation exponentielle du prix des nouvelles drogues de chimiothérapie alors que les dépenses de santé sont en pleine explosion et que les ressources vont parfois en diminuant, ont amené certains à se demander quelle était la contribution de la chimiothérapie administrée à visée curative ou adjuvante en ce qui concerne la survie/guérison des adultes atteints de cancer.
Une équipe de cancérologues australiens s’est « amusée » à reprendre tous les essais cliniques randomisés faisant état d’un bénéfice en survie à 5 ans chez l’adulte attribuable uniquement aux bienfaits de la chimiothérapie anti-cancéreuse. Les registres des cancers ont fourni les chiffres de survie pour 22 localisations tumorales de l’adulte en 1998 en Australie et aux Etats-Unis. Pour chaque type de cancer le bénéfice absolu de la chimiothérapie était le produit de a) nombre total d’individus atteints par ce cancer b) la proportion d’individus tirant un bénéfice de la chimiothérapie et c) pourcentage d’augmentation de la survie à 5 ans seulement du à la chimiothérapie.
Au total, le bénéfice absolu de la chimiothérapie anticancéreuse en ce qui concerne la survie à 5 ans était de 2,3% en Australie et 2,1% aux Etats-Unis.
Même si il convient de retirer de ces chiffres les exceptions que constituent le cancer du testicule et les lymphomes hodgkiniens et non hodgkiniens, ces résultats sont assez édifiants. Bien entendu les auteurs ne parlent que de la survie à 5 ans. Toutes les autres considérations comme la survie à 1, 2, 3 ou 4 ans ou la qualité de vie sous chimiothérapie sont éludées.
Sachant que la survie à 5 ans est de l’ordre de 60%, et que donc la chimiothérapie n’y contribue que pour un peu plus de 2%, les auteurs s’interrogent sur la pertinence en terme de santé publique de dépenser autant d’argent pour de si maigres résultats. En tout état de cause, nul ne pourra à l’avenir, même en France, éviter ce genre de discours et des évaluations rigoureuses coût/efficacité et bénéfice/risque sont plus que jamais d’actualité.
Dr Gaël Deplanque
Morgan G et coll. : “The contribution of cytotoxic chemotherapy to 5-year survival in adult malignancies” Clin Oncol 2004; 16:549-560. © Copyright 2004 http://www.jim.fr.
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